Appel à communicationRegards croisés sur l'Éducation Inclusive et les Technologies Numériques Colloque Scientifique International En 1994 la déclaration de Salamanque engageait les pays signataires, comme la France, au développement d’une « orientation intégratiste » au sein des écoles primaires pour y scolariser « les personnes ayant des besoins éducatifs spéciaux ». En anglais, cette même déclaration parlait d’« inclusive orientation » et « inclusive society ». Il semble donc que dans un premier temps intégration et inclusion furent considérées comme synonymes. La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, fait également référence au terme « intégration ». Pourtant, une rupture paradigmatique s’est peu à peu instaurée entre les deux termes amenant à considérer l’inclusion comme une position plus radicale où l’école, voire la société, « doit s’organiser pour répondre aux besoins particuliers de tous les élèves alors que l’intégration suppose la mise en œuvre de dispositifs de soutien et de rééducation pour adapter l’enfant ou l’adolescent à l’école ordinaire » (Thomazet, 2010). Cette approche nous enjoint à repenser le système éducatif dans une visée transformationnelle (Plaisance, 2010 ; Ramel, 2010) à renouveler les pratiques dans un processus où les technologies apparaissent comme des supports potentiels à l’éducation inclusive et à la formation. En effet, en déplaçant la perspective de transformation de l’individu vers le milieu dans lequel il évolue, ce basculement vers l’inclusion a étendu les espaces et les temporalités où l’action éducative se produit bien au-delà de l’espace scolaire et de son temps. Un peu plus d’une vingtaine d’années plus tard et parallèlement au développement de la technologie numérique, où en sommes-nous ?... Les nouvelles technologies permettent-elles de penser autrement la problématique de l’éducation inclusive ?... Parmi les recherches sur inclusion en contexte d’éducation et de formation explorant cette perspective, celles interrogeant l’accessibilité numérique se multiplient en y mettant la focale aussi bien sur l’apport des technologies mobiles que sur l’apport de la réalité virtuelle dans des situations d’apprentissage. Ainsi l’intérêt de l’interactivité et des fonctionnalités tactiles des tablettes pour l’apprentissage de la lecture et de l’écriture (Terrat, 2013 ; Terrat & Sajot, 2017) mais aussi pour le développement des stratégies de raisonnement en géométrie (Petitfour, 2017) a fait l’objet d’études auprès des jeunes scolarisés en situation de handicap. D’autres travaux sont centrés sur des approches didactiques et pédagogiques des ressources numériques et de leur analyse en termes d’accessibilité et l’opérationnalité inclusive (Benoit & Feuilladieu, 2017). D’autres recherches récentes à destination des praticiens de l’éducation avaient pour objectif de clarifier certaines perspectives d’utilisation d’aides technologiques en direction des praticiens de l’éducation. Comme le souligne Rousseau et al., même si l’utilisation d’une plus grande variété d’outils technologiques en classe peut contribuer à la prise en compte d’une variété de besoins chez les élèves, la démarche de mise en pratique n’est pas sans soulever des défis (Rousseau & Angelucci, 2014). De même, des recherches sur l’inclusion et les environnements virtuels immersifs sont développées tant dans le domaine de la santé que dans celui de l’éducation thérapeutique pour compléter des traitements des patients présentant des troubles cognitifs, sensoriels ou moteurs. Comme le souligne Feng (2008) les jeux thérapeutiques visant les facultés cognitives peuvent entrainer non seulement l’attention et la mémoire mais aussi l’orientation dans l’espace. Des applications immersives 3D ont été aussi développées par exemple pour contribuer à l’amélioration des fonctions cognitives chez des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer (Mader, 2015). Ces divers domaines d’application liés à la problématique de l’inclusion et du numérique, qu’ils soient centrés sur l’éducation en milieu scolaire, universitaire ou sur l’éducation à la santé, se développent dans une approche interdisciplinaire. Mais dans le domaine de l’éducation, quelles transformations observe-t-on dans les pratiques inclusives avec des technologies numériques ? Quels développements dans les formations peuvent-elles être envisagées dans une perspective de société inclusive ? En effet, au-delà de l’affirmation des droits se trouve le registre pragmatique de l’action dans l’espace éducatif (Nedelec-Trohel, Numa-Bocage & Kalubi, 2015 ; Husson & Pérez, 2016) et de son écologie, dans la formation, les transformations pourraient alors ne pas être aussi syncrétiques qu’espérées (Michailakis & Reich, 2009). Dans une même perspective interdisciplinaire, ce colloque se veut être un terrain de dialogue entre des chercheurs provenant de disciplines variées sur un objet d’étude situé dans le champ de l’éducation. Cette manifestation scientifique sera ouverte aux regards croisés sur des résultats issus de la recherche et des retours de praticiens. De ce fait nous envisageons de traiter le sujet suivant les quatre angles suivants, à savoir : l’immersion virtuelle et ses apports sur le développement cognitif et sensoriel dans des contextes d’éducation inclusive, les transformations des pratiques enseignantes et l’évolution des représentations en contexte d’inclusion scolaire ainsi que l’e-Inclusion dans une perspective anthropologique des usages du numérique, et de formation tout au long de la vie. Ces orientations contribuent à une structuration des interventions sous forme de communication scientifiques qui se voudraient intégrer dans l’un des quatre axes thématiques :
Une description de ces quatre axes est donnée ci-après. |